La production de la parole implique des processus moteurs dont on peut se demander s'ils sont organisés de manière spécifique. Y a-t-il des liens entre l'organisation de la motricité de la phonation et l'organisation motrice en général ? Nous avons retenu l'hypothèse d'une représentation séquentielle indépendante de l'effecteur concerné, selon la théorie modulariste de Keele (1995), qui suppose que les séquences représentationnelles sont stockées comme des collections ordonnées d'outils abstraits, indépendants de tout système effecteur particulier. Des difficultés de fonctionnement de ce module représentationnel devraient se manifester dans différentes formes de motricité sollicitant la production de séquences, tant dans le langage oral que dans différentes activités motrices. Les interrelations entre les résultats à différentes épreuves de langage et épreuves motrices ont été étudiées chez 67 enfants de 5 à 8 ans. Le résultat le plus saillant est la différence significative d'efficacité à reproduire des rythmes selon que l'enfant est ou non en difficulté de langage. Ces résultats renforcent la pertinence d'une approche motrice dans l'étude des difficultés langagières.
