On se propose dans cet article de ressaisir les enjeux proprement philosophiques, et non strictement linguistiques, de la traduction philosophique. Etant admis que la traduction est constamment présente dans l'histoire de la philosophie, on distinguera toutefois deux régimes correspondant à deux périodes contrastées de leurs rapports. On a ainsi une première phase (ancienne) où la spéculation philosophique est largement indifférente à sa traduction (visée d'une pure Gnose au-delà des langues) et une deuxième phase (moderne) où la traduction côtoie la philosophie en suscitant des effets qui se répercutent sur l'idée que celle-ci se fait d'elle-même (phase " philologique "). Il importe alors de repenser, entre la philosophie et ses traductions, une interaction telle que le " traduire " s'inscrit dans le labeur même de la pensée philosophante, en intervenant de manière significative dans le questionnement qu'elle met en ouvre ; si bien qu'il n'y a qu'une différence de degré entre la traduction " interne" (interaction pensée-langue) et les traductions " externes " (passage entre langues).
