2018-1 | Savoir parler : de la perception à la production (Speaking: from perception to production) | |
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Fabián SANTIAGO (Université Paris 8)Produire, percevoir et imiter la parole en L2 : interactions linguistiques et enjeux théoriques(Producing, perceiving and imitating L2 speech: linguistic interactions and theoretical issues )pp. 5-14
Nous introduisons les différentes thématiques abordées dans ce numéro spécial et discutons des nouvelles perspectives de recherche en phonétique et phonologie de L1/L2. Notre objectif est d'introduire le lecteur aux questionnements qui font débat aujourd'hui dans cette discipline au sens large afin qu'il puisse tirer des conclusions plus fines des études présentées dans ce numéro. Quatre thématiques sont discutées dans cette contribution : (i) le rôle de la perception auditive dans les modèles formels en phonétique/phonologie L2, (ii) la perception des phénomènes prosodiques en L2, (iii) les effets de la perception visuelle dans la prononciation en L2 et (iv) les interactions linguistiques et les interfaces entre phonologie et les autres composantes linguistiques en L1/L2.
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Sandra SCHWAB & Noémie CALPINI (Genève, Suisse / Université de Genève)Expertise musicale et perception de variations de f0 en L1 et en L2(Musical expertise and perception of f0 variations in L1/L2 )pp. 15-30
Notre recherche porte sur l'effet de l'expertise musicale sur la perception de variations de fréquence fondamentale (f0) en langue maternelle (français) et langue étrangère (espagnol). Les résultats de nos études ont montré, d'une part, que l'expertise musicale favorise la discrimination de variations de f0 dans des sons purs et dans des mots en français. D'autre part, ils ont révélé qu'elle facilite, en langue étrangère, la discrimination de contrastes accentuels réalisés, entre autres, par une variation de f0.
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Philippe BOULA DE MAREÜIL & Plínio A. BARBOSA (Paris Sud / Unicamp)Caractérisation de styles de parole et d’accents étrangers à travers l’imitation : comparaisons entre français et portugais brésilien(Characterisation of speaking styles and foreign accent through imitation: comparison between French and Brazilian Portuguese)pp. 31-44
Pour l’étude rapportée ici, nous avons demandé à des locuteurs natifs de français et de portugais brésilien de lire un texte de façon neutre (dans les deux langues), imitant un style journalistique et imitant un accent étranger brésilien/français. Le but était d’analyser ce que l’imitateur renforce comme traits saillants d’un style de parole ou d’un accent étranger, au niveau de la prosodie, notamment, mais également en matière de prononciation du /R/ pour l’accent français/brésilien. Il ressort des résultats, en français comme en portugais brésilien, que la tendance à l’accentuation initiale est une caractéristique essentielle du style journalistique, tandis que la prononciation du /R/ est un des traits les plus marquants de l’accent étranger.
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Paolo MAIRANO, Bene BASSETI, Mirjana SOKOLOVIĆ-PEROVIĆ & Tania CERNI (University of Warwick / UK & University of Reading / UK)Effects of L1 orthography and L1 phonology on L2 English pronunciation(Les effets de l’orthographe et de la phonologie de la L1 sur la prononciation de l’anglais L2)pp. 45-57
Des recherches récentes ont dévoilé les effets de l’orthographe sur la durée consonantique en anglais L2 de locuteurs natifs italiens (le [p] étant réalisé plus long pour floppy que pour copy). Nous avons comparé cet effet orthographique avec un effet de la phonologie de la L1 indépendant de l’orthographe, le Voice Onset Time (VOT). La tenue et le VOT d’occlusives dans des mots-cibles ont été mesurés chez 30 apprenants d’anglais L2 en Italie, 30 bilingues tardifs italiens résidant au Royaume Uni et 30 locuteurs natifs de l’anglais. Si les valeurs de VOT produites par les bilingues se différencient de manière significative par rapport à celles des apprenants, les valeurs de tenue restent comparables dans les deux groupes. En outre, le taux d’adaptation du VOT en anglais L2 est plus important chez les bilingues tardifs que chez les apprenants. Cela prouve que les effets orthographiques sur la longueur consonantique peuvent être plus résistants à l’exposition de la L2 que les effets de la phonologie de la L1 indépendants de l’orthographe.
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Christoph GABRIEL, Marion KRAUSSE & Tetyana DITTMERS (Johannes Gutenberg-University Mainz / University of Hamburg)VOT production in multilingual learners of French as a foreign language: cross-linguistic influence from the heritage languages Russian and Turkish(La production du VOT chez des apprenants plurilingues du français langue étrangère : l’influence du russe et du turc comme langues d’origine)pp. 59-72
Nous analysons la production d’occlusives (non-)voisées en français langue étrangère par des apprenants plurilingues parlant ou le russe ou le turc comme langue d’origine en plus de leur langue dominante, l’allemand. Les données de contrôle proviennent d’enregistrements réalisés avec des apprenants monolingues allemands. Les résultats montrent que les apprenants plurilingues sont avantagés en comparaison des monolingues par rapport à la production d’occlusives sourdes, ce qui n’est pas valable pour leurs contreparties voisées. Cela suggère que la (non-)aspiration de /p t k/ est perceptivement plus saillante pour les apprenants que la présence ou l’absence du pré-voisement de /b d ɡ/. Nous interprétons nos résultats généraux comme un avantage, du moins partiel, du plurilinguisme lors de l’apprentissage de langues étrangères.
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Sophie HERMENT (Aix-Marseille Université)Apprentissage et enseignement de la prosodie : l’importance de la visualisation(Learning and teaching suprasegmentals: the importance of visualisation)pp. 73-88
À partir des outils de la recherche comme le logiciel de traitement de la parole PRAAT, le logiciel d’annotation automatique SPPAS et le corpus d’apprenants AixOx, cet article propose quelques exemples d’applications pédagogiques possibles pour l’aide à l’apprentissage / enseignement de phénomènes prosodiques de l’anglais pour des apprenants francophones en collèges et lycées. La théorie sous-jacente est celle de l’approche britannique et les illustrations concernent les trois types de décision que le locuteur doit prendre : la division en unités intonatives, le placement des proéminences et les mouvements mélodiques. Cet article défend l’idée que la visualisation et la comparaison de productions de natifs et d’apprenants peuvent aider à mieux comprendre et donc mieux appréhender la prosodie de l’anglais L2.
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Cédric PATIN & Sandra BENAZZO (Université de Lille / Université Paris 8)La prosodie joue-t-elle un rôle dans la détermination de la portée ? Le cas d'‘également’(Does prosody play a role in the determination of scope? ‘Egalement’ as a case study)pp. 89-102
L’objectif de cette étude est de déterminer si la prosodie contribue à discriminer le sens d’énoncés faisant intervenir ‘également’, lorsque ce dernier est utilisé avec la valeur additive de ‘aussi’, étant donné le rôle crucial qu’elle joue dans l’emploi des particules additives d’autres langues. Pour ce faire, nous avons conduit une étude expérimentale fondée sur une tâche de lecture : 20 locuteurs natifs ont été enregistrés pendant la lecture d’un ensemble de phrases contextualisées avec ‘également’ placé dans des positions structurellement ambigües. Les résultats révèlent la présence de différents types de corrélats prosodiques, mais aussi qu’ils ne sont pas exploités de manière systématique.