Sommaire des numéros

2017-2Les interactions sociales - Recherches récentes sur le français
(Social interactions - Recent work on French)
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  • Cécile PETITJEAN & Simona PEKAREK DOEHLER (Université de Neuchâtel & Université de Lausanne / Neuchâtel, Suisse)
    Développements actuels en Analyse Conversationnelle et recherches sur les interactions en français
    (Current developments in Conversation Analysis and studies examining interactions in French)
    pp. 5-14

    L’introduction de ce numéro met en lumière les développements que rencontre actuellement le domaine de l’Analyse Conversationnelle et le rôle qu’y jouent les recherches sur les interactions en français. Après un bref panorama épistémologique de cette approche et de la contribution spécifique des travaux issus du domaine francophone en sciences du langage, la présentation des articles composant ce numéro sera l’occasion d’évoquer les enjeux et les défis qui parcourent aujourd’hui le champ de l’Analyse Conversationnelle, comme par exemple la manière dont l’analyse des interactions sociales est susceptible de répondre à certains enjeux sociétaux ou l’enrichissement pouvant découler d’une orientation vers une perspective interdisciplinaire (tant sur le plan conceptuel que méthodologique).


  • Elwys STEFANI (DE) & Anne-Sylvie HORLACHER (Bâle, Suisse / Université de Bâle & Université de Neuchâtel)
    Une étude interactionnelle de la grammaire : la dislocation à droite évaluative dans la parole-en-interaction
    (An interactional approach to grammar: evaluative right-dislocations in talk-in-interaction)
    pp. 15-32

    Dans cet article, nous offrons une introduction à la linguistique interactionnelle, avant de revisiter – au moyen de ses outils – une structure largement décrite par les grammaires : la dislocation à droite (DD). À partir de conversations filmées (séances de coiffure et repas entre amis), nous examinons plusieurs cas de DD évaluatives en distinguant a) celles qui portent sur un objet de narration et que les locuteurs font intervenir comme dispositif de clôture, b) celles qui portent sur un objet matériel présent dans le contexte physique immédiat et à travers lesquelles les participants initient un nouveau cours d’action. Les analyses multimodales menées nous font conclure que le type d’activités dans lequel les participants sont engagés est primordial pour comprendre la mobilisation des ressources de la grammaire et leur rendement interactif.


  • Rasmus PERSSON (Université de Linköping & Université d’York)
    La prosodie comme ressource pour l’organisation de l’interaction : état des lieux et illustrations
    (Prosody as a resource for the organisation of interaction: a review and some illustrations)
    pp. 33-52

    Cet article offre un état des lieux de la recherche portant sur les liens entre la prosodie et l’organisation de l’interaction sociale. Nous faisons un survol des principaux travaux sur le formatage prosodique et phonétique et sa pertinence procédurale pour l’interaction, selon trois axes : la gestion de la parole, l’organisation séquentielle, et la construction des actions. Dans chaque cas, nous offrons également des analyses illustratives de données en français.


  • Roxane BERTRAND & Aurélie GOUJON (Aix Marseille Université / CNRS-LPL)
    (Dis)aligning for improving mutual understanding in talk-in-interaction
    ((Dés)aligner pour améliorer la compréhension mutuelle en interaction)
    pp. 53-70

    Cet article est consacré aux marques explicites de la compréhension mutuelle dans l’interaction. Inspirées par la littérature conversationnelle, nous tentons d’améliorer notre connaissance sur la compréhension en l’articulant au concept d’alignement. Celui-ci peut renvoyer à différents niveaux de compréhension requis pour réussir l’interaction. Les réponses des destinataires sont l’un des indices explicites pour manifester la compréhension. Cependant, nous focalisons ici sur les réponses non préférées, indices possibles de désalignement, à savoir arrêt dans l’activité en cours et indicateur potentiel de trouble dans la compréhension. Dans le cadre de l’Analyse Conversationnelle, nous montrons comment et pourquoi les participants peuvent désaligner et jusqu’à quel point la compréhension mutuelle peut en être affectée.


  • Lorenza MONDADA (Bâle, Suisse)
    Le défi de la multimodalité en interaction
    (The challenges of multimodality in interaction)
    pp. 71-87

    Cet article présente le champ de l’analyse conversationnelle multimodale, en faisant référence à la manière dont il s’est développé sur la scène internationale et dont les contributions portant sur des corpus vidéo francophones y ont contribué. Il discute aussi les défis que la multimodalité – entendue comme l’ensemble des ressources langagières et incarnées (gestes, regards, mimiques faciales, postures, mouvements du corps, y inclus des manipulations d’artefacts) mobilisées par les participants à l’interaction pour l’organiser de manière publiquement intelligible – pose pour l’analyse séquentielle de l’interaction sociale. Afin de discuter empiriquement ces aspects, l’article propose dans la dernière partie une analyse d’une collection portant sur une séquence d’actions – les requêtes visant des actions à réaliser immédiatement et leurs réponses –  pour lesquelles le formatage multimodal est fondamental.


  • Evelyne BERGER (Université de Neuchâtel)
    The interactional achievement of tellability: a study of story-openings
    (L’accomplissement interactionnel de la racontabilité : une étude des ouvertures de récits)
    pp. 89-107

    Cet article s’intéresse au récit dans la conversation ordinaire en français. Si le récit est un objet d’étude privilégié des sciences humaines et sociales, notre attention se porte ici sur la contribution de l’Analyse Conversationnelle. Les travaux en AC ont mis en évidence la nature interactionnelle des récits, qui sont accomplis à travers les ajustements mutuels des participants tour-après-tour. Après un aperçu des principaux résultats de cette approche, nous présentons une étude sur les ouvertures de récit. Nous y examinons les tours informatifs projetant un récit à divers degrés. L’étude montre que la ‘racontabilité’ d’un récit à venir est établie interactionnellement à travers le formatage du tour informatif et les manifestations verbales et non-verbales d’alignement et d’affiliation de l’interlocuteur.


  • Jérôme JACQUIN (Université de Lausanne)
    De la polyfonctionnalité de JE SAIS dans des débats publics et télévisés
    (On the polyfunctional dimension of JE SAIS [I know] in public and TV debates)
    pp. 109-126

    L’article examine le marqueur épistémique emblématique de JE SAIS dans un corpus de 10h de débats publics et télévisés. Le défrichage quantitatif révèle une douzaine d’occurrences, ce qui peut sembler faible à la fois au vu de la fréquence, dans le corpus, d’autres expressions épistémiques telles que ON SAIT ou JE SAIS PAS et en prenant en compte les propriétés interactionnelles et argumentatives des débats dégagées par la littérature existante. Faisant dialoguer la linguistique interactionnelle, la linguistique énonciative et les études sur l’argumentation, cette contribution étudie de manière détaillée le déploiement énonciatif et argumentatif du tour de parole au sein duquel JE SAIS émerge. L’analyse témoigne de la polyfonctionnalité de la ressource, dont les usages ne peuvent se résumer à la revendication affichée d’un état de connaissance.


  • Klara SKOGMYR MARIAN, Cécile PETITJEAN & Simona PEKAREK DOEHLER (Université de Neuchâtel / Université de Neuchâtel & Université de Lausanne / Neuchâtel, Suisse)
    Le développement de la compétence d'interaction en langue seconde : état des lieux et illustrations empiriques
    (The development of second language interactional competence: Theoretical overview and empirical illustrations)
    pp. 127-145

    Cet article interroge la nature et le développement de la compétence d'interaction en L2. Nous présentons d'abord un aperçu historique des évolutions qu'ont connues les recherches sur l'acquisition des L2 depuis l'émergence de la notion de compétence de communication jusqu'à l'intérêt actuel pour la compétence d'interaction, et nous discutons les principaux résultats des recherches en Analyse Conversationnelle sur le développement de la compétence d'interaction. Au travers de deux études empiriques sur les directives et l'humour en L2, nous montrons ensuite que le développement de la compétence d'interaction en L2 implique une diversification des ‘méthodes’ interactionnelles mobilisées par les locuteurs pour accomplir des actions sociales, leur permettant de mieux adapter leurs conduites aux interlocuteurs et aux contingences situationnelles.


  • Véronique TRAVERSO (CNRS-Lyon)
    Formulations, reformulations et traductions dans l'interaction : le cas de consultations médicales avec des migrants
    (Formulating and interpreting in interaction: the case of medical consultations with migrants)
    pp. 147-164

    Dans cet article, j'aborde l'interaction plurilingue à travers les phénomènes de formulation et de reformulation. Ces phénomènes sont étudiés comme un véritable travail collectif, qui se déroule de façon progressive et qui fait intervenir une grande variété de ressources, tant verbales que gestuelles. L'article se base sur un corpus d'interactions plurilingues en présence ou non d'interprètes, enregistrées dans le cadre de consultations en santé mentale et somatique avec des personnes migrantes et réfugiées, en France. En ligne avec les résultats du projet DYLAN, l'article montre l'incessant bricolage des ressources linguistiques, qui gomme les frontières entre les langues. Il met aussi en évidence l'impossibilité de décrire les processus de formulation et reformulation en excluant les modalités gestuelles.


  • Esther GONZÁLEZ-MARTÍNEZ (Université de Fribourg)
    Ouverture d'appels téléphoniques infirmière-transporteur à l'hôpital
    (The opening sequence of nurse-porter hospital telephone calls)
    pp. 165-183

    Cet article porte sur l'organisation de l'ouverture d'appels téléphoniques entre des infirmières et des transporteurs d'un hôpital de soins aigus en Suisse francophone. Initiés par l'infirmière, ces appels sont très brefs et se centrent sur l'activité de production et de traitement d'une demande de transport. Ils ont des caractéristiques communes avec des appels de service ou de demande d'aide rapide étudiés par la littérature conversationnelle. Ils réunissent toutefois des employés d'une même institution, régulièrement en contact, bien que travaillant au sein de départements différents. L'article contribue à la recherche conversationnelle sur l'ouverture d'appels téléphoniques avec des observations sur l'organisation des sommations, la connexion et la réponse, et le premier tour de l'appelante incluant la transition vers l'activité au cœur de l'appel.