Sommaire des numéros

2001-1Troubles langagiers
(Language disorders)
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  • Annie MANSY, Marie-Luce HAMARD, Frédéric FOURCHARD, Philippe MARCHOIS & Alain GUERRIEN (Lille 2)
    Capacités motrices et capacités langagières d'enfants de 5 à 8 ans : leurs interrelations
    (Interrelations between motor processes and language skills in 5-8 year old children)
    pp. 7-20

    La production de la parole implique des processus moteurs dont on peut se demander s'ils sont organisés de manière spécifique. Y a-t-il des liens entre l'organisation de la motricité de la phonation et l'organisation motrice en général ? Nous avons retenu l'hypothèse d'une représentation séquentielle indépendante de l'effecteur concerné, selon la théorie modulariste de Keele (1995), qui suppose que les séquences représentationnelles sont stockées comme des collections ordonnées d'outils abstraits, indépendants de tout système effecteur particulier. Des difficultés de fonctionnement de ce module représentationnel devraient se manifester dans différentes formes de motricité sollicitant la production de séquences, tant dans le langage oral que dans différentes activités motrices. Les interrelations entre les résultats à différentes épreuves de langage et épreuves motrices ont été étudiées chez 67 enfants de 5 à 8 ans. Le résultat le plus saillant est la différence significative d'efficacité à reproduire des rythmes selon que l'enfant est ou non en difficulté de langage. Ces résultats renforcent la pertinence d'une approche motrice dans l'étude des difficultés langagières.


  • Shirley VINTER (Besançon)
    La prosodie, structure d'accueil des compétences langagières. L'apport de la pathologie
    (Prosody and its importance in acquiring language skills by hearing impaired children)
    pp. 21-34

    L'objectif de cette étude est de montrer l'intérêt d'une approche psycholinguistique pour une meilleure compréhension des enfants souffrant de troubles du langage. Dans le cadre de l'Intonologie Developpementale Interactive, à travers l'analyse d'interactions adultes-enfants sourds et adultes-enfants dysphasiques, on insistera sur le rôle de la prosodie - rythme et mélodie - dans les enchaînements conversationnels, et comme structure d'accueil des futures compétences langagières de l'enfant.


  • Thi Mai TRAN (Institut d’Orthophonie de Lille)
    Les accidents de la parole dans le langage ordinaire et aphasique : du normal au pathologique
    (Between normal and pathological speech production)
    pp. 35-46

    La production de la parole est une activité cognitive complexe qui peut rencontrer, au cours des différentes étapes de son élaboration, plusieurs types de problèmes. Cet article s'attache à décrire le continuum qui existe entre production normale et pathologique de la parole. Les erreurs de performances observées dans le discours chez les locuteurs ordinaires et les paraphasies produites par les locuteurs aphasiques dans les mêmes conditions touchent les mêmes unités linguistiques et mettent en jeu des mécanismes psycholinguistiques similaires. Certains critères permettent cependant de différencier ces deux types de manifestations : la fréquence des erreurs, le rapport entre l'erreur et l'item-cible, la conscience de l'inadéquation de la production, les commentaires associés à l'erreur et le besoin du locuteur de se justifier. Ces critères contribuent à l'établissement de frontières entre production normale et pathologique.


    Mots-clés: 
  • Danièle COGIS (IUFM-Paris)
    Difficultés en orthographe : un indispensable réexamen
    (Spelling problems: towards a new diagnosis)
    pp. 47-61

    Communément, les élèves sont dits en difficulté d'apprentissage s'ils font des fautes d'orthographe. à la lumière de recherches récentes sur l'acquisition du système graphique du français dans une perspective constructiviste et interactionniste, cet article vise à démonter ce point de vue. Les réflexions métalinguistiques de jeunes scripteurs montrent que leurs fautes reflètent leur compréhension actuelle, mais évolutive, de fonctionnements linguistiques complexes. Par ailleurs, des dispositifs didactiques fondés sur la verbalisation et la confrontation s'annoncent décisifs pour favoriser l'acquisition. Un diagnostic de "difficultés d'apprentissage" ne devrait donc être posé que si des procédures non syntaxiques persistent, et après un travail spécifique sur les conceptions erronées.


    Mots-clés: 
  • Colette CORBLIN (IUFM-Cergy-Pontoise)
    L'usage des formes verbales dans les écrits scolaires : le cas du plus-que-parfait
    (The use of verb forms in school writing: the French past perfect)
    pp. 63-73

    A partir de la description de formes verbales défectueuses dans les narrations (emploi du plus-que-parfait) on propose une analyse de l'erreur dans une visée didactique. Le plus-que-parfait est une forme verbale bien connue des enfants, employée spontanément par eux, même à l'oral. L'usage déficient dans les narrations scolaires révèle pourtant chez certains des difficultés à se représenter mentalement la succession des événements d'une histoire dans l'acte d'écriture. L'hypothèse est que la difficulté semble double : d'une part, elle relève de la représentation de l'ordre des événements, d'autre part elle tient au choix d'un événement qui serve de repère et autorise l'emploi d'un PqP. L'étude du discours où apparaît la forme inadaptée indique un conflit rencontré dans l'acte d'écrire, la difficulté du scripteur à unifier son point de vue de narrateur.


  • Marie-Madeleine BERTUCCI (IUFM-Versailles)
    L’emploi du genre et du nombre par des élèves créoles de La Réunion. Approches linguistiques et perspectives didactiques
    (The use of gender and number by creole students in La Reunion. Linguistic approach and didactic perspectives)
    pp. 75-88

    On se propose d'examiner certains des dysfonctionnements linguistiques des élèves créoles de La Réunion, à travers les catégories du genre et du nombre, dans le contexte linguistique particulier de la diglossie. Le postulat de départ s'appuiera sur l'idée que la diversité des erreurs d'orthographe dissimule une certaine systématicité. L'hypothèse tendrait à montrer qu'il existe sous l'apparente instabilité des erreurs, trois grands traits : la régularité, la différenciation et l'uniformisation. On assisterait donc à un double mouvement de simplification et de complexification, se traduisant à la fois par une absence de discrimination, des assimilations, des alignements et des figements. Les dysfonctionnements portant sur les morphogrammes grammaticaux illustreront notre analyse. Enfin dans un deuxième temps afin d'ouvrir la réflexion, on s'interrogera sur les perspectives didactiques à envisager, pour tenter de remédier à ces phénomènes.wLa matérialité et la prédiction des systèmes vocaliques et syllabiques nous semble un espace privilégié pour faire un état de la question à partir de travaux menés dans ce domaine à l'ICP à la lumière de certaines tendances universelles.


  • Alain DEVEVEY (Lyon 2)
    Organisation catégorielle du lexique et maladie d'Alzheimer
    (Categorical organisation of the lexicon and Alzheimer's disease)
    pp. 89-98

    En insistant sur les travaux récents qui remettent en cause les concepts de prototype et de typicalité, ce travail présente les processus de catégorisation chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer à partir de deux thèmes principaux : celui du figement du prototype en stéréotype et celui de la distinction entre les représentations des objets du monde élaborées par un individu à un stade très précoce de son évolution d'une part, et les connaissances socialisées acquises ultérieurement. Nous analysons les processus de catégorisation chez plusieurs groupes de sujets (étudiants de langue anglaise et de langue française, sujets atteints de maladie d'Alzheimer, sujets témoins) appariés en âge, sexe et niveau d'études. La visée est d'étudier chez ces différents groupes deux effets sur la probabilité d'inclusion catégorielle : celui des contraintes et des catégories et celui de typicalité des exemplaires. Nous proposons ainsi de mettre en évidence des comportements spécifiques chez les sujets atteints de maladie d'Alzheimer.


  • Andrew D. COHEN (Minneapolis, États-Unis)
    The Use of Translation Strategies in Coping with Language Learning Difficulties
    pp. 99-105

    S'appuyant sur les explications verbales d'apprenants, cet article décrit de quelle façon ces explications reflétant l'utilisation de stratégies de traduction mentales et écrites nous renseignent sur l'apprentissage et l'utilisation de la langue. L'article tente de caractériser cet usage de stratégies mentales de traduction, examine le choix entre traduction mentale et traduction écrite, et traite finalement des stratégies de traduction dans chacun de ces domaines.


  • Olga THEOPHANOUS (Montréal, Canada)
    Déviations lexicales de forme et de sens chez les apprenants de français langue étrangère
    (Lexical deviations of form and meaning in learners of French as a SL)
    pp. 107-120

    A l'issue d'une étude empirique, cet article traite d'un type particulier d'erreurs dans l'acquisition du vocabulaire en français langue étrangère : la confusion lexicale intralinguale. 480 sujets anglophones et hellénophones de niveaux débutant, intermédiaire et avancé ont participé à une tâche de traduction de mots français, vers leur L1, l'anglais ou le grec. Une grande proportion des erreurs obtenues a révélé des confusions occasionnées par la similarité de forme et/ou de sens des mots cibles avec d'autres mots français connus par les apprenants. L'examen du rapport formel et/ou sémantique entre le mot erroné et le mot cible a permis une description plus nuancée de la confusion lexicale intralinguale mettant ainsi en évidence des sous-catégories précises de ce que nous appellerons "les confusibles lexicaux".


  • Berthille PALLAUD & Marie SAVELLI (Aix-en-Provence / Grenoble)
    L’oral enfantin : comment l’évaluer ?
    (Methods for evaluating speech production in children)
    pp. 121-135

    Si la notion de dysfonctionnement langagier n'est pas facile à cerner, c'est qu'on ne sait pas bien par rapport à quoi cette notion peut être établie. Les études, nombreuses maintenant, dans le domaine de l'oral ont montré combien il pouvait être tendancieux de vouloir jauger des énoncés oraux en les comparant à des énoncés écrits. L'élaboration de l'oral impose des particularités qui peuvent surprendre au regard d'énoncés écrits mais qui ne sont pas pour autant des signes de dysfonctionnement langagier. En ce qui concerne les paroles d'enfants notamment, les biais d'évaluation sont souvent redoublés d'un adultocentrisme qui conduit parfois à conclure trop rapidement et abusivement à un dysfonctionnement langagier. Nous nous proposons d'exposer ce qui peut être considéré comme faute "banale" à l'oral chez l'enfant et ce qui peut être indice de difficultés plus spécifiques.


  • Marie J. MYERS (Kingston, Canada)
    Development of strategies in the second language development
    pp. 137-144

    Dans cette étude sont analysées les stratégies de décodage d'une L2 développées par deux étudiantes étrangères dans le contexte d'un cours d'ingénieurs. Ces étudiantes ont procédé à la collecte des données de langue qui leur causaient des difficultés et ont noté comment elles se servaient du dictionnaire pour accéder au sens. De ces observations sont tirées différentes suggestions d'activités graduées destinées à rendre plus facile le passage d'une langue à l'autre, et par delà à garantir une meilleure assimilation du contenu des programmes.